On dirait un “mignon”, un être étrange et attendrissant, figé dans un instant de jeu — comme pétrifié alors qu’il s’amusait à assembler les fragments d’une famille imaginaire. Il manipule des têtes, les juxtapose, les confond, les recompose, dans une tentative à la fois ludique et troublante de faire tenir ensemble ce qui, peut-être, s’est disloqué.
La forme, organique et presque vivante, évoque pourtant la densité minérale de la pierre. Elle est comme un fossile émotionnel : les traces d’un attachement profond, mais aussi d’un nécessaire détachement. Car au cœur de cette composition, il y a une tension — celle de la filiation, du lien qui unit et qui entrave, de la mémoire familiale qui tente de se solidifier dans une forme stable, alors qu’elle n’est que recomposition constante.
L’œuvre interroge la construction de l’identité, le poids de l’héritage, la part d’imaginaire que chacun projette sur ses origines. Est-ce un jeu d’enfant ou un geste de survie ? Une façon de convoquer les figures familières pour mieux s’en libérer ? Ce petit être pétrifié devient le témoin silencieux d’une tentative de réparation — ou de transformation — du lien familial.
